Exposition de documents sur la guerre de 1812
Tout au long de l'histoire du Nouveau-Brunswick, sa situation politique et
économique, ainsi que le bien-être de sa société -- notre destinée ou notre devenir, si l'on
veut -- ont été liés à des facteurs au-delà de ses frontières. Les conflits, les catastrophes
économiques et la prospérité n'ont pas leurs origines dans la région, mais la colonie et,
plus tard, la province s'est transformée en raison de ces forces extérieures. Le Nouveau-Brunswick, comme le reste des Maritimes, a peut-être été considéré comme un atout ou
un désavantage dans la détermination d'une solution lorsque surgissaient des conflits,
mais l'impact probable sur la colonie est resté un facteur négligeable dans les
règlements négociés. En l'occurrence, toutefois, les conséquences pour le Nouveau-Brunswick ont donné lieu à des changements majeurs dans l'histoire de la colonie.
De telles forces sont intervenues dans le cadre de la guerre de 1812 (1812-1814).
La guerre de 1812 a été un dérivé des conflits larvés entre la France et la Grande-Bretagne communément appelés les guerres napoléoniennes. Alors que la Grande-
Bretagne et la France tentaient de limiter les approvisionnements vers leurs côtes
respectives en bloquant les voies commerciales et en interceptant les marchandises,
d'autres pays ont été entraînés dans le conflit. Du point de vue du Nouveau-Brunswick,
les États-Unis figuraient au premier plan. Le zèle croissant des Britanniques dans
l'imposition d'embargos commerciaux et de blocus navals a intensifié les hostilités. Les
Américains étaient ulcérés par la définition large de la Grande-Bretagne de ce que
constituaient les articles de contrebande dans les cargaisons des navires marchands
américains, par les fouilles des navires américains dans le but de trouver des déserteurs,
et par l'enrôlement obligatoire de citoyens américains. Ces événements se sont avérés,
du moins en partie, les éléments déclencheurs avoués qui ont conduit les Américains à
déclarer la guerre à la Grande-Bretagne et, par extension, aux colonies britanniques
nord-américaines, y compris le Nouveau-Brunswick.
Bien que les interventions maritimes des Britanniques aient été à l'origine des
provocations qui ont poussé les Britanniques et les Américains à la guerre, plusieurs
motifs connexes du côté américain ont donné lieu à une poursuite des confrontations -
l'espionnage britannique embarrassait le gouvernement américain, le soutien
britannique à la résistance des Premières Nations relativement à la progression des
Américains vers l'Ouest constituait un irritant, et plusieurs enjeux récurrents
persistaient à la suite de la guerre de l'Indépendance, comme les activités commerciales
au sud du fleuve Saint-Laurent et les revendications non réglées des Loyalistes. En
outre, certaines factions américaines aspiraient à s'emparer des colonies britanniques
nord-américaines, tandis que d'autres posaient de même manière leur regard sur les
possessions espagnoles au Sud, et l'Espagne était une alliée de la Grande-Bretagne sur
la scène européenne.
Bien sûr, l'opinion sur le bien-fondé de la guerre n'était pas unanime des deux
côtés de la frontière. La Nouvelle-Angleterre était fortement opposée à la guerre et aux
diverses interdictions menant à la guerre, car son économie était étroitement liée au
commerce tant avec l'Europe qu'avec la zone côtière des colonies britanniques de
l'Amérique du Nord. L'opinion des Maritimes était un peu similaire. Au cours des trois
décennies suivant la guerre de l'Indépendance, la Grande-Bretagne a choisi d'apaiser
les Américains sur les questions relatives au commerce, au détriment du commerce
dans les Maritimes. Au cours des cinq années antérieures à 1812, la rhétorique de la
Grande-Bretagne et des États-Unis, ainsi que le jeu des embargos et restrictions
compensatoires, ont créé un courant sous-jacent ambigu qui a favorisé l'industrie du
cabotage. Malgré les obstacles au commerce orchestrés par la Grande-Bretagne et les
Américains, les deux parties ont compris que ce même commerce qu'ils cherchaient à
interdire leur était nécessaire. En conséquence, des ports au Nouveau-Brunswick et en
Nouvelle-Écosse, en particulier ceux de Saint John, de St. Andrews, d'Halifax et de
Shelburne, sont devenus des points de transfert permettant de contourner les
restrictions commerciales, lesquelles empêchaient le transport direct des marchandises
entre la Grande-Bretagne et les États-Unis. Certaines de ces manœuvres n'étaient pas
nécessairement légitimes, mais elles ont permis d'établir une activité profitable, pendant
que les deux gouvernements fermaient les yeux. Ainsi, lorsque la guerre a été déclarée
en 1812, il n'est pas surprenant que le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Angleterre
aient partagé le même désir de poursuivre la prospérité des années précédentes. Il n'est
guère étonnant que la situation soit devenue inconvenante du fait que le Nouveau-Brunswick tentait de tirer profit de la guerre de course et du commerce clandestin, et de
maintenir une certaine relation paisible avec le territoire frontalier américain, alors que
leurs nations mères respectives étaient en guerre.
Les documents disponibles donnent un aperçu des événements et des conséquences à long terme de la guerre de 1812 pour le Nouveau-Brunswick.