Les
petites villes jumelles d'Andover et de Perth, reliées par des ponts ferroviaire
et routier, sont les endroits tout désignés pour se procurer le nécessaire pour
une expédition de pêche ou de camping dans une des nombreuses destinations environnantes.
Bien que, de façon générale, le fleuve coule du nord au sud, entre Andover et Woodstock,
il effectue une série de méandres qui le mène dans les directions contraires à travers
une très belle région considérée comme le jardin du Nouveau Brunswick. La
majeure partie des terres est défrichée et cultivée. Les terres boisées n'apparaissent
qu'au loin. L'aspect des bâtiments agricoles témoigne de la richesse des cultures.
On n'y trouve aucune maison délabrée ou abandonnée. Les
bâtiments sont fraîchement peints et bon nombre sont des modèles de beauté architecturale.
Ces belles maisons et fermes bien entretenues font foi de la prospérité de la région
bien mieux que les statistiques sur le rendement des exploitations agricoles. Les
petites localités parsemées sur les rives du fleuve - Kent, Bristol, Florenceville,
Hartland et Upper Woodstock - témoignent toutes, par leurs bâtiments et leurs commerces,
de la prospérité des fermiers. Woodstock, quant à elle, est un carrefour d'activité
industrielle, une ville dynamique où le voyageur voudra s'attarder et dépenser un
peu d'argent et où, à défaut de coucher sous la tente, il pourra se loger au Carlisle,
un hôtel qui saura le satisfaire.
L'escalade
des hautes collines aux environs de Florenceville et de Woodstock
sera
amplement récompensée par les vues magnifiques, en amont et en aval, du ruban argenté
du fleuve serpentant dans la contrée fertile tapissée de boisés vert foncé et de
champs de grain doré agité par le vent.
Les canots continuent tranquillement leur descente, permettant aux voyageurs
d'apprécier chaque minute du parcours. Le paysage attire l'attention. Par moments
on peut voir le fleuve suivre son cours sur plusieurs milles, alors qu'au détour
d'un méandre, la vue est bloquée. On s'intéresse alors au fleuve lui-même - peut-être
s'agit-il de roches à déplacer ou d'un rapide à franchir, ou peut-être n'est-ce
qu'une section peu profonde où l'eau coule rapidement sur les cailloux blancs qui
semblent remonter le courant à toute vitesse. Il est étrangement fascinant de regarder
les galets, bien visibles sous l'eau claire. Parfois, les allées et venues des pittoresques
traversiers à câble -
ils
sont nombreux sur cette section du fleuve -, ou encore les manoeuvres d'un radeau
de billes ou de planches attirent l'attention. La première journée, nous nous étions
approchés de l'un d'eux, y avions monté nos canots et y étions restés sur une distance
de quelques milles, pendant que le courant nous propulsait à une vitesse d'environ
cinq milles (8 km) à l'heure. La dextérité avec laquelle les trois hommes dirigeaient
cette grande embarcation peu commode, à l'aide d'un aviron à l'avant et d'un gouvernail
à l'arrière, était surprenante. Le pilote connaissait le chenal dans ses moindres
détails, et là où il traverse le fleuve, des barrages en ailes, structures un peu
bizarres, guidaient le radeau vers l'autre rive. Si vous faites cette excursion,
prenez le temps de faire connaissance avec les flotteurs que vous rencontrerez -
quelques milles sur leurs embarcations constituent une expérience hors du commun
et fort plaisante, surtout si les eaux sont rapides.
La section de 63 milles (100 km) entre Woodstock et Fredericton compte plus d'îles
que celle en amont de Woodstock. Le courant est fort sur toute sa longueur, mais
les seuls rapides difficiles se trouvent dans le coin de Meductic.
De
tous ceux rencontrés au cours de ce voyage, ce sont les plus farouches, et sur plus
d'un mille en aval, le courant demeure très fort. On peut les franchir en toute
sécurité et avec aisance en restant près de la rive droite, là où il n'y a pas de
roche. À Hawkshaw, à quelques milles après Meductic, le voyageur peut admirer les
chutes Pokiok, parmi les plus sauvages et les plus belles qu'il
est donné de voir dans toute la province. Elles apparaissent soudainement, leur
grande beauté se dévoilant seulement lorsque le canot passe juste devant. Dans la
courbe de Nackawick commence une section d'une longueur de 18 milles (29 km) - la
longueur exacte du tronçon de Long Reach -, parsemée d'îles baignant dans un courant
très rapide par endroit. Le long de ce tronçon, partout entre Woodstock et Fredericton
en fait, on rencontre de pittoresques péniches halées de la berge par des attelages
de chevaux et munies d'une touée qui permet à l'équipage de gouverner l'embarcation.
Là où le chenal traverse le fleuve, les chevaux doivent patauger ou nager. On peut
ainsi parcourir 20 milles (30 km) par jour environ. Comme aucune voie ferrée ne
dessert cette section du fleuve, il s'agit en pratique du seul moyen de transport
disponible. Un méandre à angle droit marque la limite inférieure de ce tronçon,
suivi d'une section d'eau calme sur 9 milles (14 km), avant la dernière étape de
cette merveilleuse excursion - celle qui sillonne les nombreuses îles parsemant
le fleuve à quelques milles en aval de Fredericton. Même si cette section n'a rien
à envier à celles déjà parcourues, la vue du pont et des hauts clochers de Fredericton
et les salutations d'amis devant un chalet du Pine Bluff, des Beeches, de Kaskiseboo
ou d'un des autres jolis camps qui bordent le fleuve en amont de la capitale, font
chaud au coeur.
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